Ré-enchanter la Politique avec Adeline Baldacchino…tout en magie et poésie…

Comment ré-enchanter la politique ? Face à la défiance croissante à l’égard de la classe politique, Adeline Baldacchino, énarque et poétesse, dessine avec poésie des solutions à trouver du côté de la magie dans « Notre insatiable désir de magie » (Fayard, novembre 2019). L’auteure explique que sa formation et sa culture politique sont relativement récentes, construites progressivement. L’élément déclencheur a été pour elle la révolte des « Gilets jaunes », qui l’a amenée à penser un ré-enchantement possible de la sphère du politique.

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Houdini était le plus grand des magiciens : il s’échappait de toutes les cellules, camisoles de force et autres menottes. En temps de crise qui vire à la détresse, c’est sa leçon qu’il faut entendre, celle qui nous rappelle la possibilité d’échapper, avec les armes conjointes de la raison et de l’imaginaire, au terrible refrain « There is no alternative ».

Si notre jeune président semble accomplir sa destinée de dernier « roi des énarques », c’est peut-être parce qu’il n’y a pas de sauveur qui tienne, ni d’énarque parfait. Contre les partisans d’une vision économique et procédurale de la société, l’avenir ne serait-il pas aux magiciens et aux poètes ?

Un autre monde peut s’inventer ici et maintenant. Les antidotes existent au cœur même du système, dans ces îlots de convivialité et de solidarité où l’on repense déjà le rôle de l’État et de la culture, les formes de la démocratie, le sens du service public et de la gratuité, loin du seul culte de la performance.

Le principe d’Houdini affirme que la magie peut être faite par tous, et pour tous, à condition de dévoiler ses secrets. Ni poudre aux yeux ni manipulation, elle est une manière de faire advenir ce que l’on croyait impossible. Ni élitiste ni réservée à quelques-uns, elle ressuscite les pouvoirs de la jubilation et du partage, valeurs politiques par excellence.

Ce livre se veut éloge de l’escapologie : l’art d’échapper aux injonctions mortifères et aux alternatives binaires, pour redonner enfin toute sa place à l’imaginaire – et à l’action.

Née en 1982, Adeline Baldacchino publie de la poésie depuis ses dix-sept ans (dernièrement, Théorie de l’émerveil, Éditions Les Hommes sans Épaules, 2019). Après des études de philosophie et d’ethnologie, elle intègre Sciences po et l’ENA dont elle sort en 2009. Auteure d’une biographie de Max-Pol Fouchet (Le feu la flamme, Michalon, 2013) et d’un roman sur la désobéissance civile sous le nazisme, Celui qui disait non (Fayard, 2018) primés par l’Académie des sciences morales et politiques et l’Académie française, elle a aussi publié en 2015 un pamphlet orwellien sur La Ferme des énarques (Michalon).

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J’irai vite car je n’ai jamais bien su « me rassembler ». La vie, fractale, est indescriptible. On attrape quelques bribes dans le vent qu’on tente d’arranger pour définir le portrait d’une passante. On y colle quelques ailes de papillon, des noms qui sonnent bien, des rêves un peu fous. On songe à tout ce qui a été, à tout ce qui aurait pu être, à tout ce qui sera. Qu’il suffise donc de donner quelques repères.

J’écris dans tous les sens du terme et du papier depuis que je sais tenir un crayon. J’accumule des livres dans tous les sens des murs et des lits depuis que je sais déchiffrer une ligne. Je fais beaucoup de photos depuis quelques années. J’aime les avions qui me font un peu peur, les bateaux qui voguent très loin, tout ce qui permet de faire le tour du monde et de rencontrer quelques êtres improbables, quelques paysages hallucinés, quelques mots inattendus. Aujourd’hui, je continue de m’inventer des souvenirs, et de les transformer en mythologie dans les interstices lyriques de la vie réelle, où se niche la vraie vie – secrète.

Née à Rillieux-la-Pape en 1982, j’ai habité quelques villes du Sud-Est de la France ; suis passée par une école primaire iséroise où un maître à l’ancienne, régnant sur une cour d’école et deux cerisiers, me prêtait trois livres par jour ; ai failli me perdre dans d’étranges collèges grenoblois et nîmois où je tâtonnais à la recherche d’un supplément d’âme ; ai publié à dix-sept ans mes premiers textes rédigés dans la nuit en frissonnant sur la Neuvième symphonie de Beethoven ; me suis retrouvée sans trop y croire à traverser tous les matins le Jardin du Luxembourg, entre Tour Montparnasse et Panthéon, pour rejoindre une classe prépa prestigieuse ; ai choisi de la fuir à la fin de la première année après moult hésitations et un déclic (la lecture de la Deuxième considération intempestive de Nietzsche) ; me suis retrouvée pendant trois années à la fac de Lettres de Montpellier, pour explorer la littérature, la philosophie, l’ethnologie, l’amour fou, la poésie toujours ; puis l’ombre est tombée, j’ai renoncé à la grande analyse comparée du surréalisme et de la pensée perse pré-islamique dont je rêvais vaguement ; j’ai fait semblant d’étudier Kant, Heidegger, Hegel, dans une petite ville de Basse-Saxe allemande – Hildesheim ; ai débarqué de nouveau dans la capitale, à Sciences Po cette fois, curieuse et lasse, intriguée mais pleine de doutes, me suis passionnée pour l’éthique économique, pour l’éthologie, pour les affaires internationales ; ai passé le concours de l’ENA, multiplié les stages, travaillé beaucoup ; enfin, j’ai rejoint une belle maison de la République, où l’on aime farouchement l’indépendance et l’article 15 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen (« La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ») : la Cour des comptes.

Après avoir écrit beaucoup de poèmes, et bien des rapports, j’ai eu envie de parler d’un autre, et de comprendre ce que le temps faisait à la mémoire. J’ai choisi Max-Pol Fouchet. J’ai choisi un poète, voyageur, homme de médias et de communication. J’ai choisi de suivre une ombre qui me parlait, à travers ses carnets intimes, sa fille, ses maisons de la rue de Bièvre et de Vézelay. J’ai entrelacé cette quête biographique d’errements poétiques. J’ai écrit “pour rejoindre” comme disait Desnos.

De rencontre en rencontre, de hasards en évidences, d’autres livres sont nés (Diogène)…et à naître. Je ne démêle plus le prétexte de la passion. Je parle enfin, je retrouve le goût des mots, le désir d’être et d’agir, l’enthousiasme du partage.

A l’automne 2015, je prends une disponibilité pour me consacrer à tout ce qui compte.Tenir ensemble engagement (La ferme des énarques) et création poétique (33 puis 13 poèmes, cf Actus/Biblio), en attendant la création romanesque, amorcée avec Celui qui disait non paru chez Fayard…

En 2017, retour à la Cour des comptes. Faire le pari d’une double vie – de magistrat (voir Jean Follain !), avec ce que cela comporte de rigueur et de fidélité au service public ; d’écrivain, avec ce que cela comporte de passion et de folie. Tout embrasser, puisque l’on n’a qu’une vie. Du moins, le tenter absolument. Sans illusions, sans renoncement.

Revue de presse 

France Culture, Avis critique, 9 novembre 2019 : https://www.franceculture.fr/emissions/avis-critique/lart-de-ne-pas-etre-trop-gouverne-de-jean-claude-monod-notre-insatiable-desir-de-magie-dadeline

France Culture, La grande table, 3 décembre 2019 : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/comment-reenchanter-la-politique

Entretien Xerfi, 10 décembre 2019 : https://www.xerficanal.com/economie/emission/Adeline-Baldacchino-Notre-insatiable-desir-de-magie-(de-la-politique-a-l-economie)_3747927.html

Interdit d’interdire n°106 – chez Frédéric Taddeï, RT : https://francais.rt.com/magazines/interdit-d-interdire/69239-culture-numero-106

Vive les livres, C News, Patrick Poivre d’Arvor, 23 décembre 2019 : https://www.cnews.fr/emission/2019-12-23/vive-les-livres-du-23122019-911318

RFI, 20 février 2020 : http://www.rfi.fr/fr/podcasts/20200220-r%C3%A9forme-lena-quels-changements-recrutement-formation-haute-fonction-publique-fran%C3%A7

Tribune Marianne, 20 février 2020 : https://www.marianne.net/debattons/tribunes/ena-le-rapport-thiriez-va-transformer-l-ecole-en-une-business-school-desargentee

Tribune Marianne, 7 avril 2020 : https://www.marianne.net/debattons/tribunes/coronavirus-au-lieu-de-faire-au-mieux-laissez-faire-les-magiciens
  En savoir plus : 

Son “manifeste en poésie” : http://www.revue-ballast.fr/poesie-anarchie-et-desir/

Fiche de la poéthèque :  http://www.printempsdespoetes.com/index.php?url=poetheque/poetes_fiche.php&cle=1026

Pour jeter un oeil aux séminaires de poésie pour l’Université populaire de Caen, on pourra se rendre ici : http://upc.michelonfray.fr/intervenants/adeline-baldacchino/

Les curieux et amateurs de “poésie vivante” pourront venir aux rencontres que j’anime pour le Printemps des poètes au Théâtre des déchargeurs depuis 2015 : http://www.lesdechargeurs.fr/spectacle/rencontres-avec-la-poesie-vivante

Pourquoi la poésie – “poésie vécue” d’abord, au sens d’Alain Jouffroy ? Je le raconte un peu par là : http://profondeurdechamps.com/2015/11/29/adeline-baldacchino-la-poesie-comme-maniere-de-vivre-plus-intensement/

Tenir ensemble la poésie et le service public ? On peut le tenter, d’après ce portrait de “La lettre du pouvoir” (sic)

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